Lucinda Williams

mardi juin 28th 6:30 pm @ TD Main Stage

« La boucle est bouclée », déclare Lucinda Williams à propos de son puissant nouvel album, Good Souls, Better Angels. Après plus de quarante ans de musique, l’artiste pionnière, originaire de la Louisiane, revient aux fondements du blues qui l’ont d’abord inspirée en tant que jeune autrice-compositrice-interprète à la fin des années 1970. L’année dernière, elle a fait une tournée à guichets fermés pour célébrer le 20e anniversaire de Car Wheels on a Gravel Road. Williams a retrouvé le coproducteur et ingénieur de cet album de 1998 qui a changé la donne, Ray Kennedy, pour enregistrer Good Souls, Better Angels avec son excellent groupe de tournée dans son studio de Nashville. Le directeur de Williams, Tom Overby, avec qui elle est mariée depuis une décennie et qui a contribué aux paroles de ses chansons magistrales, s’est joint à eux en tant que coproducteur. « C’est ce dont j’ai toujours rêvé, une relation avec quelqu’un avec qui je pourrais créer », s’enthousiasme Williams.

Il en a résulté Good Souls, Better Angels, l’album le plus thématique de la carrière de Williams. Le monde dangereux dans lequel nous vivons, le déluge constant d’informations effrayantes, la dépression, la violence conjugale, un homme sans âme, et, oui, le diable, figurent en bonne place parmi ses douze morceaux. « Le diable entre assez souvent en jeu sur cet album », explique Williams. « J’ai toujours aimé l’imagerie des chansons de Robert Johnson et ces blues du Delta vraiment sombres qui sont en quelque sorte bibliques. J’ai été inspirée par Leonard Cohen, ses chansons en font état, Bob Dylan et Nick Cave. » Bien que Good Souls, Better Angels aborde de nombreuses réalités sombres qui nous entourent, l’album est porteur de persévérance, de résilience et, finalement, d’espoir.

En ce qui concerne la thématique des pièces, Williams ajoute « qu'en raison de toute cette merde qui se passe, tout le monde y pense, c’est tout ce dont tout le monde parle. En gros, le monde s’écroule, c’est comme l’apocalypse. C’est de là que vient cette histoire d’Ancien Testament. C’est différent de mes autres albums dans la mesure où il n’y a pas de chansons sur mon enfance et tout le reste. C’est excitant. »

Du blues entraînant du morceau d’ouverture You Can’t Rule Me au gothique sinistre de Pray the Devil Back to Hell, en passant par le punk-blues de Bone of Contention et le feu grégeois de Drop by Drop (Big Rotator), Williams n’a jamais été aussi crue et directe, avec des jeux de mots percutants tirés de la Bible, du hip-hop et de la poésie rythmée de Ginsberg. L’expérience d’écriture collaborative de Williams-Overby a manifestement été un succès. « Cela s’est fait de manière organique », dit Williams. « Tom et moi avons commencé à travailler ensemble sur des chansons et c’est lui qui a trouvé certaines des idées. Il m’a donné des lignes qu’il avait écrites et je suis partie de là. J’adore ça parce que ça élargit les choses. Man Without a Soul était son idée, et il a eu l’idée de Big Black Train, qui parle de ce gros nuage noir qu’est la dépression. Quand j’écoute ce morceau, ça me fait pleurer. »

Lors de l’enregistrement devant public dans le studio de Ray Kennedy doté d’un vieil équipement, Williams et son groupe de longue date, le guitariste Stuart Mathis, le contrebassiste David Sutton et le batteur Butch Norton, ont enregistré la plupart des chansons en deux ou trois prises. La pulsation solide comme le roc de la section rythmique et les attaques sonores polyvalentes de Mathis soutiennent la voix passionnée de Williams. La brutale Wakin’ Up, ponctuée par la guitare tranchante de Mathis, décrit viscéralement la fuite éprouvante d’une femme victime de violence conjugale, tandis que la pensive Shadows & Doubts jette un éclairage sur notre société prompte à juger, guidée par les réseaux sociaux, et sur le fait que tout le monde peut vous aimer à un moment donné, mais vous abandonner complètement le moment suivant. Williams transforme le honky-tonk Down Past the Bottom de Greg Garing en une pièce hard rock sombre. Une ironie irrévérencieuse mène l’entraînante pièce Bad News Blues, dans laquelle Williams se lamente d’une pléthore « de menteurs, de lunatiques, de fous, de voleurs, de clowns et d’hypocrites » et que la guitare de Mathis serpente entre les paroles. Le contrepoint doux-amer When the Way Gets Dark, avec sa jolie mélodie et sa guitare évocatrice, nous offre à tous de l’espoir. Williams nous exhorte de sa voix la plus tendre à « ne pas abandonner, à prendre sa main et à ne pas se sentir seul ».

Williams a parcouru un long chemin depuis ses débuts en 1979, avec Ramblin’ on My Mind, suivi de Happy Woman Blues, son premier album de pièces originales lancé il y a quarante ans, en 1980. Elle dit qu’elle est toujours « la même fille », sauf que maintenant « j’ai une plus grande base d’admirateurs et je peux me permettre de rester dans de meilleurs hôtels ». Après quatorze albums remarquables, trois Grammy et d’innombrables récompenses, dont le titre d’autrice-compositrice de l’année en 2001 décerné par le magazine Time, Williams est l’une de nos artistes les plus vénérées, adorée pour sa voix singulière et ses chansons extraordinaires. Ses récents doubles albums, Down Where the Spirit Meets the Bone (2014) et Ghosts of Highway 20 (2016), lancés sur sa propre étiquette, ont reçu certaines des meilleures critiques de sa carrière.

Donnant voix à toute son expérience, Williams termine Good Souls, Better Angels avec la lumineuse Good Souls, l’une des dernières chansons écrites pour l’album. Il s’agit d’une invocation profondément émouvante : « Réunis-moi avec tous ceux / et celles qui m’aident à trouver la force / quand je suis désespérée, / ceux qui me guident / et qui m’aident à rester forte et sans peur ».

Amen.